top of page
1952_Photo.jpg

 EXIGENCES D'IMMIGRATION                  

JOSE_v2s.jpg

José-Louis Jacome, 15 juin 2020

Mains endurcies recherchées

La nouvelle a été relayée partout. À l'église, dans les réunions de famille, au bar local et dans les hôtels de ville de toutes les municipalités, on discutait de la décision canadienne. Le Canada est officiellement ouvert à l'immigration de Portugais. Le groupe embarqué sur le Saturnia en mai dernier a été considéré comme une expérience positive. Les premiers immigrants portugais et açoriens débarqués au Canada ont démontré une grande capacité d'adaptation, ce sont de bons ouvriers. En conséquence, davantage de citoyens portugais pourraient désormais poursuivre leur rêve américain dans le pays situé au nord des États-Unis, le Canada. On savait que c’était un immense pays où il fait très froid mais où il y a aussi beaucoup de travail et d'opportunités. Rien de plus! 

 

Ci bas, les exigences minimales que doivent satisfaire les personnes intéressées à immigrer au Canada. Elles ont été publiées dans le quotidien, Diário dos Açores, le 31 octobre 1953, avec les endroits où aller pour s'inscrire au processus d'immigration à São Miguel.

a)  Citoyens portugais, hommes, âgés de 22 à 35 ans.

​

b)  Ils doivent être minimalement capables de lire et d'écrire le portugais.

 

Remarque: Certaines publications spécifiaient une éducation de 3e année au minimum.


c)  L'immigrant doit avoir une bonne condition physique

requise pour le travail qu'il effectuera. L'état de santé de

l'immigrant et de sa famille sera soigneusement examiné; il comprendra une radio X et d'autres examens médicaux.

Les membres de la famille devront réussir les examens

même s'ils n'accompagnent pas l'immigrant. Ces derniers ne doivent pas avoir de problèmes physiques ou mentaux, ni avoir de maladies contagieuses comme la tuberculose, le trachome ou la syphilis. Pour sa

famille, qui comprend sa femme et ses enfants, les mêmes conditions de santé physique et mentale sont requises.


d)  Ils doivent avoir la capacité financière de faire face aux

dépenses du voyage et aux dépenses connexes.

 

Une dépense minimale de 11 000 escudos est prévue (si une réduction de prix n'est pas disponible pour le voyage en bateau).

​

Remarque: Le taux de change du dollar canadien était d'environ 30 escudos pour 1 dollar. Les 11 000 escudos représentaient donc quelque 366 $. La moitié de ce montant était pour le voyage aller simple.

 

e) Bonne morale attestée par le casier judiciaire.

Requirements_Photo.png

Remarque: Seuls les travailleurs agricoles et les personnes habituées aux travaux lourds seront acceptés. Les personnes impliquées dans des travaux légers seront refusées. La sélection des personnes souhaitant émigrer débutera lundi prochain selon l'agenda suivant.

Requirements_Photo_2.png

En 1957, dans une ferme de Saint-Hyacinthe, un groupe de travailleurs immigrants de São Miguel à la ferme Frank Spingola. Manuel Piques est au centre, le prochain à gauche est José da Costa (Camara), frère de Humberto et Manuel Camara, nos voisins de rua das Rosas, Conceição, Ribeira Grande.

Comme plusieurs pionniers me l'ont dit, de nombreux émigrants portugais ont contourné cette dernière condition. Ils n'avaient pas l'expérience requise de travail dans une ferme, ni l'expérience d'un travail physiquement exigeant. Ils travaillaient dans des magasins ou dans des bureaux. Ces derniers faisaient n'importe quoi pour donner à leurs mains un aspect rugueux et obtenir un bronzage rapide pour ressembler à un paysan ou un ouvrier du bâtiment. Ils étaient souvent acceptés avec ces astuces. Dans leur nouveau monde, ils ont également été testés. Je me souviendrai toujours de l'histoire que le pionnier Afonso Maria Tavares m'a racontée. Ce jour de septembre 2011, j'ai ri aux larmes avec le petit homme de Rabo de Peixe, véritable force de la nature, courageux comme tous les pionniers. Voici son histoire très cocasse, mais aussi un exemple des situations humiliantes auxquelles les pionniers ont dû faire face.

​

Dans les premières années, en 1953-1954, de nombreux propriétaires agricoles venaient à Montréal pour rencontrer les premiers immigrants portugais au bureau des services d'immigration. «Ils nous regardaient, prenaient nos bras, tâtaient

nos muscles puis regardaient nos mains pour choisir les hommes les plus forts. J'avais parfois l'impression que nous étions des animaux. Heureusement, à chaque fois, j'étais le plus petit du groupe. J'étais toujours le seul qui restait. Ainsi, j'ai pu éviter ce test humiliant et honteux », a-t-il déclaré. Je lui ai demandé de répéter cette histoire chaque fois que j'ai eu l'occasion de le rencontrer chez lui à Mississauga et j'ai ri à chaque fois. J'adorais aussi sa façon très açorienne de raconter des histoires.

Au sujet de l'auteur

Né à São Miguel et habitant à Montréal depuis 1958, j’ai publié, en 2018, un livre sur l’immigration açorienne au Canada dans les années 1950. “D’une île à l’autre” a été publié en français et en portugais. Le livre et l’exposition qui l’accompagne ont été présentés à Montréal, São Miguel, Toronto et Boston. Le livre est en vente à Montréal, Toronto et São Miguel, ainsi que via mon site Internet. Je continue à publier des informations et des histoires liées à cette première grande vague d’immigration de Portugais et d’Açoriens dans ce site Internet jljacome.com et la page Facebook D’une île à l’autre.

​

bottom of page