Ma mère, Ilda Raposo da Silva
J’avais 21 ans quand je me suis marié. Entre nous, je vais vous raconter comment j’ai connu Manuel.
Quand je partais de chez moi à Matriz pour visiter ma mère qui travaillait à l’hôpital, je devais aller d’un bout à l’autre de la rue Direita. C’est lors d’une de ces marches que j’ai rencontré Manuel. Il s’est intéressé à moi et moi à lui… Voilà, que voulez-vous, ce fut aussi simple que cela. Quelques temps après, nous nous sommes mariés et nous avons eu quatre enfants, trois à Sao Miguel et un à Montréal.
La vie était vraiment dure, il fallait que Manuel émigre. Les années passées seul à São Miguel, suite à l’émigration de mari au Canada, ont été difficiles. Les lettres prenaient des mois avant de nous être livrées. La famille m’aidait. Mais, je devais m’occuper seule des enfants. Ils avaient 2,3 et presque 5 ans quand mon mari nous a quittés.
Les deux garçons m’ont donné du fil à retordre. Manuel était le plus enjoué. Imaginez qu’un jour il a fait sauter une vache par-dessus le muret qui bordait la rue du Doutor Lucindo Rebelo Machado. Le propriétaire de la vache est venu se plaindre à la maison. Je suis parti aussitôt à la rencontre de Manuel qui était en haut de la rue do Vencimento. Je lui ai crié : « Ah corisco, qu’est-ce que tu as fait » ? Je lui ai mordu un bras et l’ai amené à la maison en lui tirant les oreilles et en lui pinçant les bras. Parfois, je devais les frapper un peu, mais je les aimais beaucoup. J’avais hâte de retrouver mon mari après 4 années de séparation. D’un autre côté, je savais aussi que j’allais m’ennuyer énormément de mon coin de terre. J’ai beaucoup pleuré, beaucoup, croyez-moi...
Native de Matriz, une paroisse de Ribeira Grande, ma mère, Ilda Raposo da Silva, est fille unique et n’a que 11 mois quand son père décède en 1927. Suite à ce drame, sa mère travaillera comme couturière à l’hôpital de Ribeira Grande jusqu’à son immigration au
Canada en 1963.